C’est l’histoire d’un album qui n’aurait jamais dû voir le jour, commis par un groupe qui ne devait plus exister.
Nous sommes en 1971 et Iggy Pop et ses Stooges viennent de se faire virer du label Elecktra qui avait fait signer le groupe quelques années plus tôt à la faveur d’une première partie de MC5.
2 albums aux ventes mitigées plus tard (The Stooges, 1969 et Fun House, 1970), Iggy Pop et son groupe sont devenus incontrôlables en raison d’une consommation intensive de cocaïne.
C’est à cette époque que Pop et Bowie se sont rencontrés et liés d’amitié et c’est ce qui permettra au premier de signer un contrat avec CBS Records et de s’envoler pour le Royaume-Uni en compagnie de Williamson, le guitariste des défunts Stooges.
Les deux rescapés font passer des auditions à nombre de musiciens afin de constituer leur nouveau groupe. Mais le manque d’agressivité musicale rencontré les oblige à rappeler les frères Asheton, Scott (batteur) et Ron (guitariste), ce dernier passant désormais à la basse. Les Stooges sont reformés sous le nom Iggy and The Stooges.
Ils rentrent en studio en septembre 1972 pour enregistrer ce qui est aujourd’hui l’un des albums fondateur du punk, Raw Power, le 3e du groupe de Détroit.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là puisque la 1e version livrée par Iggy Pop, alors seul aux manettes comme il l’avait exigé, apparait trop violente et inaudible pour CBS qui refuse de publier l’album si Bowie ne le remixe pas. C’est cette version remixée qui sort au début 1973, mais seulement après que le groupe ait une nouvelle fois été viré. S’en suivent tournées dans des clubs et défonce permanente jusqu’à l’ultime concert, Metallic KO en février 2014, au terme duquel le groupe se sépare.
Reste un album superbe, sauvage, d’une violence convaincante, album majeur et terreau d’un mouvement musical, le Punk, qui apparaîtra au grand jour quelques années plus tard au Royaume-Uni avec les Sex Pistols. Le chanteur de ces derniers, Johnny Rotten, avait pu apprécier l’intensité et la puissance des Stooges pendant leurs concerts britanniques.
Raw Power dépasse largement la polémique futile qui a entouré sa production, Bowie ayant même été, par jalousie, accusé de sabotage. Iggy Pop n’avait tout simplement pas, à l’époque et quel que soit son génie, la capacité de produire un album.
Raw Power était l’album préféré du chanteur de Nirvana, Kurt Cobain.
Je vous laisse apprécier l’intensité du groupe avec une vidéo live de 1972 sur la chanson Search and Destroy.
Morceaux de l’album :
- Search and Destroy- 3:29
- Gimme Danger- 3:21
- Your Pretty Face Is Going to Hell- 4:55
- Penetration- 3:41
- Raw Power- 4:16
- I Need Somebody- 4:54
- Shake Appeal- 3:04
- Death Trip- 6:07
« I’m a street walking cheetah with a heart full of napalm
I’m a runaway son of the nuclear A-bomb
I am a world’s forgotten boy
The one who searches and destroys »
«Je marche dans les rues, chimpanzé au cœur plein de napalm
Je suis le fils en fuite de la bombe A
Je suis le garçon oublié du monde
Celui qui cherche et qui détruit.»
Iggy Pop, Search & Destroy, Rawpower, 1973